L’alternance est aujourd’hui considérée comme l’une des meilleures solutions pour s’insérer aisément dans la vie active. Autrefois réservée aux jeunes étudiants, ce modèle de formation séduit de plus en plus d’entreprises, de demandeurs d’emplois, ainsi que de salariés en reconversion. Ceci s’explique par sa capacité à allier les cours théoriques et l’application pratique en entreprise, sans oublier les coûts allégés de la formation.
L’évolution de l’alternance en France
Le nombre d’apprentis en alternance a considérablement augmenté depuis 1990. Après une stagnation puis une baisse importante entre 2008 et 2015, l’apprentissage a repris des couleurs à partir de 2016. Cette montée en puissance est particulièrement marquée dans l’enseignement supérieur, où elle a atteint +8% en 2018. Concernant le secondaire qui est majoritaire avec 60% des apprentis, l’évolution des effectifs reste modeste (+1,8%).
En décembre 2019, le nombre total d’apprentis atteint 491 000, soit un progrès de 16% comparé à 2018, un record selon la ministre du travail Muriel PÉNICAUD. Ainsi, 368 000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été signés. L’alternance a progressé partout en France et a profité à tous les secteurs d’activités.


D’après les chiffres publiés par le ministère du travail, 7 apprentis sur 10 trouvent un emploi dans les 7 mois suivant leur formation, et 30 à 40% créent leur propre entreprise.
Pourquoi cette formule de formation a le vent en poupe ? Décryptage.
Quelle rôle incarne l’alternant dans l’entreprise ?
Dès son embauche, l’alternant est considéré comme un salarié à part entière de l’entreprise. En fonction des attentes de l’employeur, des objectifs à atteindre lui sont confiés à travers des missions variées. En revanche, il faut qu’il s’inscrive rapidement dans la dynamique de l’équipe.
Des expériences hétéroclites et des responsabilités hétérogènes
De nombreuses entreprises font le choix d’embaucher les alternants à la fin du contrat lorsque l’expérience s’est bien passée. Ainsi, elles assurent un niveau assez élevé d’autonomie aux alternants pourvu qu’ils soient entraînés et intégrés dans les meilleures conditions. Souvent, l’alternant a l’opportunité d’effectuer diverses missions qui lui permettent d’éviter la routine et être mieux armé pour la suite.
C’est le cas de Lucie Ferey.
« J’ai été attirée par le domaine de l’immobilier. Après avoir pris conscience des avantages de l’alternance, j’ai décidé de poursuivre mes études en suivant cette voie. Le parcours pour trouver un patron n’a pas été simple. Mais au final, j’ai eu la chance d’être reçue par mon futur employeur. Mon profil correspondait à leurs besoins, ça a marché tout de suite. Mon intégration dans l’équipe était fluide. »
« L’entreprise a su mettre en place un système pour faciliter le travail des alternants »

« À titre personnel, mon absence pendant mes périodes de cours étaient totalement acceptées et assimilées par l’équipe, nous utilisions un cahier de liaison pour que je puisse avoir les informations importantes à mon retour de formation. Mes missions ont évolué petit à petit. Mon tuteur prenait du temps pour encadrer mon travail et m’a permis de progresser. Je me sentais comme une vraie salariée de l’entreprise, pas comme une stagiaire. A la fin de mes études, j’ai été embauché en CDI. », témoigne-t-elle.
Si l’expérience de Lucie est un exemple presque idyllique, pour certains, cette expérience paraît parfois moins rose. Cela peut arriver que des entreprises, ayant une vision « court terme » de l’alternance, demandent aux alternants de réaliser des missions d’un niveau inférieur ou sans lien avec la formation préparée. Certaines autres ont tendance à oublier le statut étudiant de l’alternant en lui imposant des charges de travail qui dépassent les possibilités de ce dernier. Dans ce cas-là, l’école peut intervenir, mais par peur de perdre le contrat, la plupart des alternants n’en parlent pas. De surcroît, en cas d’absence de leur tuteur, des alternants sont livrés à eux-mêmes. En cas d’urgence imprévue, sans pouvoir de décision pour prendre les mesures adaptées, ils risquent de devenir des boucs émissaires.
Retour d’expérience de Julie Martin en tant qu’alternante au sein d’une agence événementielle et de Communication Caennaise.
« J’ai réalisé mon parcours scolaire du bac + 3 au bac + 5 dans une agence pluridisciplinaire. J’occupais un poste de chef de projet événementiel en contrat d’apprentissage. C’était une expérience très enrichissante jusqu’au moment où la situation a commencé à s’envenimer. Au bout d’un an, l’agence a subi des changements qui ont imposé de nouvelles méthodologies et une nouvelle organisation. Deux salariés de l’agence ont quitté l’entreprise. Cela a eu un impact majeur sur mon travail, car c’était des personnes qui me guidaient et me conseillaient. Donc je me suis retrouvée un peu perdue et j’ai eu des difficultés à m’adapter à ce changement. » dit-elle.
“N’avoir plus personne sur qui m’appuyer m’a fait perdre pied”

« Concernant ma place au sein de l’agence, j’ai essayé de me positionner dans ce monde, où, tous avait plus d’expérience que moi. J’ai su rebondir et ne pas baisser les bras. Malheureusement, de fil en aiguille, le niveau d’exigence a augmenté et j’ai été déstabilisée par de nouvelles compétences que l’on me demandait, j’ai eu des difficultés à gérer seule. Le manque de communication avec la direction est une autre raison qui a entraîné la détérioration de la situation. J’ai été sollicitée pour le travail pendant le temps d’école. »
“Il ne se rendait pas compte de l’exigence qu’il avait envers moi et de la charge de travail que j’avais. Il a oublié que j’étais une apprentie avec une charge de travail scolaire en plus”
Un choix bénéfique avec des règles à respecter
Malgré tout, l’alternance reste un choix bénéfique pour l’étudiant ainsi que pour l’entreprise. D’un côté, l’alternance s’impose comme un excellent choix pour mettre le pied à l’étrier de l’alternant et de l’autre, équipés d’un cadre théorique, les alternants progressent rapidement dans la pratique et prennent plus facilement leurs marques dans l’entreprise : un avantage plébiscité par les recruteurs.
Comment réussir son alternance ? Mathieu Maigret, tuteur d’alternance, nous a fourni son conseil.

« Pour qu’une alternance soit bénéfique, il est important que l’élève soit assidu en cours et soit conscient de ses nouvelles obligations en tant que salarié : respecter les horaires de travail, les consignes de son tuteur, adhérer à la politique interne de l’entreprise. En parallèle, il me paraît capital que l’élève se sente suffisamment à l’aise avec son tuteur pour lui poser régulièrement des questions. Les sujets travaillés en cours doivent être mis en pratique en entreprise pour que cette alternance ait un sens et une finalité positive : l’embauche de l’alternant. »
Les formalités administratives de recrutement sont très simplifiées par le ministère du travail. Néanmoins, jongler avec les rythmes scolaires des alternants ne coïncide pas toujours avec les projets ou l’activité de l’entreprise. Ainsi, il est primordial de trouver un équilibre entre les besoins de l’employeur et les attentes de l’étudiant. L’école a un rôle prépondérant à jouer dans cet équilibre. Elle doit proposer un planning et des cours en adéquation avec les attentes de l’entreprise. Conjointement à cela, l’accompagnement doit être à la hauteur pour garantir à l’élève le bon déroulement de l’alternance.

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https://www.alternance.fr/infos-conseils/le-statut-de-l-alternant-750.php
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© Pauline BEURDELEY & Léa LEBRUN
